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J'ai ajouté mes flacons du parfum Jimmy Choo (de Jimmy Choo donc) aux photos, parce que je l'aime d'amour et que c'était bien l'occasion! |
Ces psychopathes qui nous fascinent.
«Cette possession et cette perte lui parurent plus désirables que de renoncer abruptement à l'une comme à l'autre. Car il avait passé sa vie à renoncer. Tandis que jamais encore il n'avait possédé et perdu.»
Le Parfum, il trainait depuis
des années chez moi. J'en connaissais les grandes lignes, un
personnage un peu étrange doté d'un nez extraordinaire, d'une
obsession pour les odeurs et de l'ambition de créer le parfum
ultime. Ce qui m'échappait en revanche, c'était le sous-titre :
Histoire d'un meurtrier.
(Petit lycée ou collégien, si tu t'es
égaré par ici parce que ta prof de français t'as donné à lire et
étudier Le Parfum de Patrick Süskind cette année, picore
donc l'article qui suit, tu pourras sans problème y voler une ou
deux idées pour ta dissertation ou ton commentaire, tout est
estampillé et garanti bachelière littéraire. Tu peux aussi me
poser toutes les questions que tu veux, je suis aussi là pour
t'aider, petit étudiant).
A l'image d'un Dexter Morgan (que je ne
connais pour le moment qu'en série TV) ou d'un Kévin Khatchadourian
(de Il faut qu'on parle de Kévin, qui est un mes livres
préférés de la planète entière!) Jean-Baptiste Grenouille fait
parti de ces personnalités qui, à travers leur psycho ou
sociopathie décrivent bien souvent davantage de réalités humaines
que d'autres figures romanesques plus normales ou héroïques. Parce
qu'au quotidien, vous m'accorderez qu'on a plutôt tendance à détester le monde entier
qu'à sauver des princesses enfermées dans des donjons.
Grenouille ne possède pas – ou peu –
de caractéristiques le rattachant à l'humanité. Il l'observe donc
sous un angle différent, distancié, qui lui confère souvent une
grande lucidité.
Il se rend pourtant rapidement compte
qu'il n'appartient pas à ce monde, qui l'ignore et le rejette
constamment.
A l'aune de son cas (le sien mais aussi
de tout ceux qui lui sont similaires) où placer le curseur, la
définition de l'humanité? Est-ce que je suis né(e) avec? L'ai-je
adoptée en évoluant parmi ceux qui la cultivent? A quoi tient-elle?
A mon âme, à ma capacité à l'empathie, à aimer ou à souffrir?
Ou peut-être que si je n'avais pas d'odeur et de fait, que personne
ne m'aurait jamais remarqué(e), ni regardé(e), je n'existerais pas?
(Passion questions, tout ça.)
Comme Dexter Morgan, Grenouille tente
d'endosser le costume difficile d'un être humain insipide. Comme
Kevin Khatchadourian, il échoue. Et s'il ne sait pas être personne,
il va chercher à dominer tout le monde.
Grenouille expérimente la très
difficile réalité de sur-percevoir le monde qui l'entoure mais d'y
préférer l'univers qu'il développe en lui-même. Il n'a d'autre
choix que de se replier pour vivre dans sa tête. Et à mesure qu'il
s'éloigne physiquement, émotionellement et psychologiquement des
autres, il s'éloigne de l'humanité.
Pour le plaisir de faire hurler les
puristes, Grenouille m'a un peu rappelé un Edward Cullen du XVIIIème
(«Qui est ce Edouard Qeullène? S'enquière le doyen
d'université depuis le fond de sa bibliothèque, centenaire et sourd
comme un pot). Ou au moins à un vampire particulier, qui au lieu de
se nourrir de sang, sucerait les odeurs du monde jusqu'à l'ivresse
olfactive, obsédé par la fragrance ultime.
Grenouille nous donne matière à
repenser la manière de «voir» le monde, lui qui le dévore et le
conquiert à travers l'infinité des odeurs, quand beaucoup d'entre
nous ne le regardent et ne l'enregistrent plus qu'à travers un filtre
instagram.
La mère de Grenouille, son seul lien
familial évoqué, n'est présente que pour les premières pages du
roman. Elle est portant révélatrice de la suite et déterminante
dans la personnalité de son fils. Elle est la première personne qui
le rejette avant même de le voir, qui le considère comme un monstre
plutôt qu'un bébé. Mauvais avant même d'être.
Sa mère sera aussi à l'image de tous
les principaux personnages croisés par Grenouille tout au long du
livre. Leurs destins sont narrés même après que Grenouille ait
quitté leurs entourages. Loin d'être d'inutiles précisions, on
remarque surtout que, sur son sillage, les morts prématurées
s'alignent.
Globalement fidèle
au livre, il est, par sa forme, bien moins adapté à un récit
psychologique et invisiblement olfactif que sa version papier.
J'ai regretté la présence d'une voix
off narrative, pas indispensable selon moi, et qui ôte un peu de
mystère au personnage en donnant trop de clefs pour expliquer son
comportement, bloquant notre propre interprétation.
J'ai également ressenti un peu plus
d'humanité dans le portrait fait de Grenouille, ce qui, à mon sens,
le dénature quelque peu. Ben Whishaw porte en revanche le rôle avec
beaucoup de crédibilité.
Cités dans cet article :
Patrick Süskind
FAYARD / Le Livre de Poche
(1985)
réalisé par Tom Tykwer
(2006)
Il faut qu'on parle de Kevin
Lionel Shriver
BELFOND / J'ai Lu(2003)
créée par James Manos Jr.
Showtime
(2006)
Et vous les chéris? Vous l'avez peut-être lu à l'école?
Ça vous a traumatisé? Vous avez kiffé?
Livre ou film?
Vous en avez rien à fiche et vous préférez me parler de votre parfum préféré?
Vous avez le droit aussi!
Oh, j'ai vu le film le mois dernier et je ne savais pas du tout qu'il était tiré d'un livre ! J'aime beaucoup l'histoire, je trouve ça original. J'ai pas trop apprécié la fin du film mais dans l'ensemble, ça m'a plu. Je me souviens de la scène où il distille le chat pour en obtenir l'odeur haha
RépondreSupprimerSi tu as aimé le film, je te conseille vivement le livre qui est (comme souvent) bien supérieure à son adaptation :) Jolie plume, davantage de détails et de compréhension psychologique du personnage… Et puis la description écrite des odeurs est vraiment très intéressante!
SupprimerQuelles sont les différences entre le film et le livre ?
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